mardi 4 octobre 2011

Créer un monde ou bien utiliser l'existant ?

Pas mal de gens s'imaginent que créer un monde imaginaire, c'est plus facile que de se baser sur l'existant ; du moins, c'est mon ressenti à travers des conversations ; pas mal de gens, ça ne veut pas dire tous les gens, ça ne veut pas dire non plus une majorité, ça veut dire un nombre suffisant pour que je me pose des questions à ce sujet.

Naturellement, on pourrait penser qu'en tant que créateur, on se retrouve affranchi de toutes contraintes et que, par extension, le récit est beaucoup plus libre, ce qui n'est pas exact. Chaque liberté a son prix : celui de la cohérence. En vérité, créer un monde, c'est définir un grand nombre de contraintes, s'assurer qu'elles parviennent à coexister ensemble dans l'esprit du lecteur, et donc se livrer à autant de choix que nécessaire.

Le nombre de décisions à prendre est proportionnel à notre souci du détail. Ce ne sont pas les grands axes de la création qui soulèvent le plus de problèmes (schématisons, les super-pouvoirs, les grosses bestioles, les vilains sorciers, la magie de base, le scénario, les personnages et leurs caractères.) Ce sont les détails qu'il faut soigner si on veut que ça ressemble à quelque chose. Par exemple, les noms des pays, régions, gugusses doivent être cohérents avec une nomenclature ; les armures, elles ont des caractéristiques (je vous promets, j'ai évité les plates, hein, mais avec l'assurance du cochon sauvage qui doit traverser un pont de corde); les institutions et administrations sont à définir si elles doivent être abordées ; sans parler des problèmes de campement, de progression d'une armée, de terrains, de choix architecturaux, etc.

L'avantage d'un monde existant qu'on a le droit de reprendre (celui dans lequel on vit, passé ou présent, pas celui des autres auteurs, parce que ça c'est le mal absolu !), c'est que tous ces détails existent. Le point douloureux, c'est qu'il faut les connaître puisqu'on ne peut pas les inventer. Les connaître représente du boulot de recherche, donc aussi du travail. De mon point de vue, après un roman fantastique fin XIXeme et un roman fantasy, je trouve que c'est kif-kif-bourricot la balle au centre quand on s'aventure dans une période bien précise de notre passé.

Par contre, pour avoir commencé en secret un petit roman jeunesse fantastique contemporain, je peux dire que pour l'instant, c'est cette tentative qui me paraît la plus simple.

[J'aurai bientôt fini. Je lisse les détails, ma liste réduit au fur et à mesure. Je vais bientôt passer à la revue de forme avec Antidote, que je n'ai pas encore testé...]

7 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que reprendre un monde existant permet d'avoir ces détails, mais à mon humble avis je ne pense pas qu'il soit possible de comparer ces deux approches, car chaque univers est problématique. Quand je vois par exemple mon univers, c'est un souvent un casse-tête : je suis inspiré par une Europe extrême-fin de XVIIIe siècle, à la sauce Fantasy-steam-punk... Je dois donc respecter à la fois faire preuve d'une certaine cohérence historique tout en utilisant des éléments plus originaux, c'est un sacré grand écart !

C'est un sujet passionnant en tout cas ! ;)

Anonyme a dit…

Je me suis lancée dans la création d'un monde parce que tout ce que je faisais subis à mes personnages étaient clairement illégal... :")
J'aime créer le monde, mais je pense que ça prend autant de temps que d'écrire le roman !

Anko a dit…

Je ne suis pas auteure, mais je comprends tout à fait! Je vous admire, les auteurs, c'est un véritable travail qui devrait être beaucoup plus reconnu! J'attends le résultat avec impatience! Et s'il te faut une couverture ou des illus d'intérieur de livre, je suis toujours là! ;-) Courage et bises!!

Syven a dit…

> Sycophante : on peut toujours établir des points de ocmparaison, mais il est vrai que cela ne permet pas de traiter le problème dans sa globalité. Cependant, quand on a déjà expérimenté plusieurs types de récits (et d'ailleurs, écrire plein de nouvelles contribue à forger ce type d'expérience), on devient capable de dire dans quel type de "monde" on se sent le plus à l'aise. Ce n'est pas pour autant qu'on se tourne vers le choix le plus évident, d'ailleurs. Et ce n'est que mon avis.

> Jo Ann : je crois que cela n'a rien d'étonnant ! Bon courage à toi !

> Anne : Merci ! Tes encouragements sont précieux ! Bonne continuation avec tes dessins ! (Je suis allée voir, c'est très joli.)

Amibe_R Nard a dit…

J'ai quand même idée que créer un monde est plus délicat que d'utiliser le nôtre ou un approchant du nôtre.

Car il faut envisager, alors, tous les prolongements de la moindre technologie ou magie.

Le moindre clou en métal suppose la trempe du métal, donc des mines (ou l'équivalent) + des forgerons + un commerce du métal + des fours capables d'atteindre la bonne température + des outils pour usiner le métal.

Une vis est encore plus complexe.

D'autre part, quand je parle de technologie ou magie, je reste dans l'exemple.

Dans un "nouveau" monde, il faut envisager tous les prolongements pour chaque élément de son monde.

S'il y a des animaux, il faut (faudrait) savoir comment ils mangent, ce qu'ils mangent, ce qu'ils boivent, comment ils vivent. Pour rendre le monde vivant.

Sinon, on sent le mat painting qui dégouline :-).

De même, dans notre monde, un tigre est réputé dangereux, mais que représente un Bresorg ?
Il faut l'équiper d'attributs, le rendre crédible. Utiliser plus de mots.

C'est délicat.

Délicat, mais passionnant c'est vrai, comme peut l'être une fouille dans notre passé pour être au plus près du crédible. :-)

Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard

Lise Syven a dit…

Amibe, je suis d'un avis tout opposé au tien. Connaître tous les prolongements de la moindre technologie ou magie ne sert à rien. Tous ces détails n'auront pas leur place dans le récit. Et le plus gros problème de nombre de créateurs de monde, c'est de vouloir mettre tout ce qu'ils ont imaginé dans le texte.

Ca rend ces textes imbuvables.

En tant que lectrice comme en tant qu'auteur, peu m'importe de savoir ce que mange chaque bestiole, où elle dort, comment elle vit, encore moins ce qu'elle boit. SAUF si ça a un rapport direct avec le récit ou si ça a une fonction dans le récit. Si elle a besoin de boire de la cervelle pour survivre et qu'elle a décidé de boire celle de mes protagonistes, ça m'intéresse. Si ses moeurs vont forcer mes protagonistes à changer leur plan, ça m'intéresse. Si grâce à elle, je me brosse une idée de la faune et de la flore et que ça m'aide à comprendre le décor, ça m'intéresse.
Sinon, aucun intérêt, il s'agit là de bruit.


La différence avec notre monde présent ou passé, c'est que chaque élément qu'on utilise a sa propre histoire inscrite dans la trame générale et qu'on ne peut pas l'utiliser sans vérifier qu'a priori, ça ne pose aucun problème.
Il faut l'expérimenter avant de décider que c'est plus facile que de créer un monde.

De toute façon, chaque auteur sera plus à l'aise avec l'un ou l'autre. Il n'y a pas de vérité universelle : l'un n'est pas plus facile que l'autre de façon générale. Nul n'a le droit de décider pour un autre de ce qui lui paraîtra aisé ou non.

Chacun trouvera sa propre vérité, celle qui s'applique à lui-même.

Anonyme a dit…

Très intérésen