Au hasard de mes errances sur le web, je constate parfois de la souffrance dans la quête de l'écriture et de l'édition. Entre le boulot que ça représente, les longues attentes, les refus, les doutes, les problèmes éditoriaux, il y a de quoi couper l'appétit à un Père Noël sur le point de se goinfrer de chocolat. Je n'exagère pas.
Pour chaque texte, il y a des mois, voire des années d'investissement, avec ses tripes et son sang, ses espoirs, ses rêves... Difficile de tirer un trait là-dessus et de passer à la suite.
Ou pas.
Je ne prétends pas que chacun en soit capable, mais je pense que c'est une bonne façon de se protéger des déceptions.
En général, quand j'ai fini de travailler un texte, je prends mes distances avec lui. Tant que j'écris ou que je corrige, j'y mets mon coeur, mes tripes, je m'amuse ou je souffre (en fonction de ce que j'inflige à mes personnages), mais une fois que j'ai terminé mon boulot, quand le roman m'échappe, je me coupe de lui autant que possible.
Je continue d'aimer mon texte mais je ne veux pas me rendre malade d'angoisse alors qu'il est parti vivre sa vie (dans sa quête éditoriale ou auprès de ses lecteurs). De la sorte, il m'est plus facile d'encaisser les refus et critiques*. En général, j'ai déjà entamé une nouvelle relation avec un texte passionnant. Et puis, vu le nombre de projets que j'ai dans le tiroir, il vaut mieux pour ma santé mentale que je ne reste pas attachée à chacun d'eux.
Je ne souhaite pas que l'un compte plus que les autres à mes yeux (même si peut-être que je ne tiendrai pas sur ce point, le jour où je reprendrai mon Gros Oeuvre) : je n'ai pas envie de mettre tous mes oeufs dans le même panier au risque de faire voler mon petit coeur en éclat si les choses ne se passent pas comme prévues.
J'ai conscience que certains de mes textes ne seront pas assez vendeurs, par exemple, (même si j'ignore lesquels). J'ai aussi la certitude que tous ne seront pas fabuleux. Est-il possible qu'un même auteur ne produise que des textes formidables? (à part Neil Gaiman, je veux dire.) J'en doute.
L'avenir d'un texte reste un parfait mystère à mes yeux. Même publié, on ne sait pas comment il sera reçu, si les ventes suivront, etc. Je préfère ne pas m'en préoccuper. Je n'ai pas envie de vivre dans une attente perpétuelle, celle du prochain texte accepté ou de la prochaine chronique positive, entre autres. Trop d'aspects de la vie d'un livre échappent à mon contrôle.
Il me paraît plus sage de me satisfaire de ce que j'ai déjà (carpe diem, on peut crever demain) et de profiter de ce que chaque jour a à m'offrir. L'écriture est d'abord une source de joie et d'émotion, un plaisir, une passion. Elle doit enrichir ma vie, non me la pourrir (ça, c'est dit !)
Donc, mon truc, pour bien vivre mon écriture, c'est de m'investir à fond tant que mon texte n'appartient qu'à moi. Cela n'empêche pas les grandes joies lorsque le Plan de Conquête du Monde se déroule comme prévu : les gentils messages, les éditeurs enthousiastes, les rencontres avec d'autres auteurs, les discussions avec les lecteurs. Il y a aussi les petites déceptions, je ne prétends pas avoir un blindage en parpaings, mais je surmonte vite ; comprendre, il faut plus qu'un mauvais retour pour me gâcher la journée.
Peut-être qu'en me lisant, vous vous direz que c'est facile pour moi de bien vivre mon écriture, parce que plusieurs de mes livres sont parus ou à paraître. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Avant Au Sortir de l'Ombre, il y a eu d'autres textes et je me souviens d'eux. Bien que je les aime toujours, je ne suis pas triste qu'ils demeurent dans un tiroir.
Je ne prétends pas que ma "façon de faire" puisse s'appliquer à tout le monde; n'y voyez là qu'un partage d'expérience.
Bonne journée à toutes et tous !
Miou. |
Ou pas.
Je ne prétends pas que chacun en soit capable, mais je pense que c'est une bonne façon de se protéger des déceptions.
En général, quand j'ai fini de travailler un texte, je prends mes distances avec lui. Tant que j'écris ou que je corrige, j'y mets mon coeur, mes tripes, je m'amuse ou je souffre (en fonction de ce que j'inflige à mes personnages), mais une fois que j'ai terminé mon boulot, quand le roman m'échappe, je me coupe de lui autant que possible.
Bye bye petit roman ! |
Quoique. |
J'ai conscience que certains de mes textes ne seront pas assez vendeurs, par exemple, (même si j'ignore lesquels). J'ai aussi la certitude que tous ne seront pas fabuleux. Est-il possible qu'un même auteur ne produise que des textes formidables? (à part Neil Gaiman, je veux dire.) J'en doute.
L'avenir d'un texte reste un parfait mystère à mes yeux. Même publié, on ne sait pas comment il sera reçu, si les ventes suivront, etc. Je préfère ne pas m'en préoccuper. Je n'ai pas envie de vivre dans une attente perpétuelle, celle du prochain texte accepté ou de la prochaine chronique positive, entre autres. Trop d'aspects de la vie d'un livre échappent à mon contrôle.
Il me paraît plus sage de me satisfaire de ce que j'ai déjà (carpe diem, on peut crever demain) et de profiter de ce que chaque jour a à m'offrir. L'écriture est d'abord une source de joie et d'émotion, un plaisir, une passion. Elle doit enrichir ma vie, non me la pourrir (ça, c'est dit !)
Donc, mon truc, pour bien vivre mon écriture, c'est de m'investir à fond tant que mon texte n'appartient qu'à moi. Cela n'empêche pas les grandes joies lorsque le Plan de Conquête du Monde se déroule comme prévu : les gentils messages, les éditeurs enthousiastes, les rencontres avec d'autres auteurs, les discussions avec les lecteurs. Il y a aussi les petites déceptions, je ne prétends pas avoir un blindage en parpaings, mais je surmonte vite ; comprendre, il faut plus qu'un mauvais retour pour me gâcher la journée.
Peut-être qu'en me lisant, vous vous direz que c'est facile pour moi de bien vivre mon écriture, parce que plusieurs de mes livres sont parus ou à paraître. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas. Avant Au Sortir de l'Ombre, il y a eu d'autres textes et je me souviens d'eux. Bien que je les aime toujours, je ne suis pas triste qu'ils demeurent dans un tiroir.
Je ne prétends pas que ma "façon de faire" puisse s'appliquer à tout le monde; n'y voyez là qu'un partage d'expérience.
Bonne journée à toutes et tous !
*pour les retours positifs, ça part direct engraisser mon melon — je rigole, hein. |