J'écris de la fantasy avec des gros monstres, pas de la fantasy historique comme c'est la mode en ce moment j'ai l'impression (ce n'est pas une critique, j'adore en lire). J'aime les grosses bestioles, les super pouvoirs, les combats pour sauver le monde... Ouais. J'assume mon petit côté manichéen, et je compense par un traitement en profondeur des personnages (du moins j'essaie, ne vendons pas la peau du marjak avant de l'avoir buté.)
Donc forcément, cela m'agace de lire des commentaires dédaigneux à l'égard de cette littérature, et justement parce qu'elle est populaire. Elle s'est imposée auprès du public. Ce n'est pas pour autant qu'elle est moins intelligente que les autres.
L'analyse à suivre sera grossière et incomplète, mais elle résume mon point de vue.
L'analyse à suivre sera grossière et incomplète, mais elle résume mon point de vue.
La fantasy (sous quelque format que ce soit, BD, manga, conte, roman, etc.) transpose les rouages de l'humanité à travers ses mondes imaginaires. Les créatures, les pouvoirs et tous ces éléments qui relèvent de la magie travestissent, ou au contraire, expriment avec emphase le caractère humain. Ce sont des allégories de ce nos sociétés nous inspirent.
Ces allégories parlent au lecteur. Elles s'ouvrent leur inconscient de la même façon que les contes "parlent" aux enfants. C'est selon moi, ce qui explique la popularité de ces littératures et aussi leur intérêt. Elles confèrent une grande liberté dans les interrogations qu'elles véhiculent sans entamer le plaisir du récit d'aventure. Bon nombre d'auteurs écrivent des romans de fantasy sans ce genre de prétention à l'esprit, mais je m'aperçois au fil de mes lectures, peut-être parce qu'avec l'âge je suis de plus en plus attentive, qu'il y a toujours en filigrane des critiques, des voeux et certains idéaux qui transparaissent à travers les rêves et les cauchemars qu'ils nous proposent. Même dans les navets (si, je vous jure, L'envol de la flèche prône la libération sexuelle).
Vous êtes encore dubitatif ? Alors observez mieux le monde qui nous entoure. Si dans une pub de bagnole on parvient à évoquer la liberté rien qu'en montrant des ballons qui s'envolent, ne me dites pas qu'un dragon en vol stationnaire au-dessus d'une cité ne traduit pas une menace qui plane.
On peut détester la fantasy, mais il n'y a pas de raison de la sous-estimer. En particulier, lorsqu'elle s'offre le luxe de ré-inventer un monde, car c'est souvent là qu'il y a le plus de niveaux de lecture (enfin surtout sur un bon texte, évidemment.) Le lecteur compare sa réalité à celle du livre. Après, tout dépend de lui et de ce que l'auteur montre (consciemment ou pas), ainsi que la façon dont les personnages s'accomodent de leur environnement pour déterminer en partie le message.
Tout ceci me fait penser à Jean de la Fontaine. Je crois que les auteurs de l'Imaginaire (pas que de fantasy) sont les fabulistes contemporains, sauf que je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de conclure sur une question morale, mais plutôt sur une prise de conscience (à étudier dans un autre article.) En tout cas, j'aime m'imaginer en fabuliste des temps modernes, et je prends plaisir à regarder mes monstres les yeux dans les yeux, en sachant pertinemment ce qu'ils incarnent.
Revenons à la fantasy. A mon sens, il y a au moins une autre raison pour laquelle elle plaît tant : elle offre nombre d'univers où la société de consommation est absente. La nôtre tue beaucoup de rêves en exposant une idée très matérielle du bonheur et de la réussite, et de tout ce qui peut faire vendre. Se tourner vers la fantasy traduit peut-être une façon pour le lecteur d'échapper aux messages publicitaires qui le bombardent, ainsi qu'une volonté de s'en affranchir grâce à la promesse de merveilleux et de magie associée à ce genre.
Voilà ma réponse à ce succès. Ce ne sont que quelques pistes de réflexion, j'en ai eu d'autres entre temps, mais je vais m'arrêter là. Si vous avez en tête d'autres raisons qui expliquent l'engouement du public pour la fantasy, n'hésitez pas à me les faire connaître en commentaire.
Ces allégories parlent au lecteur. Elles s'ouvrent leur inconscient de la même façon que les contes "parlent" aux enfants. C'est selon moi, ce qui explique la popularité de ces littératures et aussi leur intérêt. Elles confèrent une grande liberté dans les interrogations qu'elles véhiculent sans entamer le plaisir du récit d'aventure. Bon nombre d'auteurs écrivent des romans de fantasy sans ce genre de prétention à l'esprit, mais je m'aperçois au fil de mes lectures, peut-être parce qu'avec l'âge je suis de plus en plus attentive, qu'il y a toujours en filigrane des critiques, des voeux et certains idéaux qui transparaissent à travers les rêves et les cauchemars qu'ils nous proposent. Même dans les navets (si, je vous jure, L'envol de la flèche prône la libération sexuelle).
Vous êtes encore dubitatif ? Alors observez mieux le monde qui nous entoure. Si dans une pub de bagnole on parvient à évoquer la liberté rien qu'en montrant des ballons qui s'envolent, ne me dites pas qu'un dragon en vol stationnaire au-dessus d'une cité ne traduit pas une menace qui plane.
On peut détester la fantasy, mais il n'y a pas de raison de la sous-estimer. En particulier, lorsqu'elle s'offre le luxe de ré-inventer un monde, car c'est souvent là qu'il y a le plus de niveaux de lecture (enfin surtout sur un bon texte, évidemment.) Le lecteur compare sa réalité à celle du livre. Après, tout dépend de lui et de ce que l'auteur montre (consciemment ou pas), ainsi que la façon dont les personnages s'accomodent de leur environnement pour déterminer en partie le message.
Tout ceci me fait penser à Jean de la Fontaine. Je crois que les auteurs de l'Imaginaire (pas que de fantasy) sont les fabulistes contemporains, sauf que je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de conclure sur une question morale, mais plutôt sur une prise de conscience (à étudier dans un autre article.) En tout cas, j'aime m'imaginer en fabuliste des temps modernes, et je prends plaisir à regarder mes monstres les yeux dans les yeux, en sachant pertinemment ce qu'ils incarnent.
Revenons à la fantasy. A mon sens, il y a au moins une autre raison pour laquelle elle plaît tant : elle offre nombre d'univers où la société de consommation est absente. La nôtre tue beaucoup de rêves en exposant une idée très matérielle du bonheur et de la réussite, et de tout ce qui peut faire vendre. Se tourner vers la fantasy traduit peut-être une façon pour le lecteur d'échapper aux messages publicitaires qui le bombardent, ainsi qu'une volonté de s'en affranchir grâce à la promesse de merveilleux et de magie associée à ce genre.
Voilà ma réponse à ce succès. Ce ne sont que quelques pistes de réflexion, j'en ai eu d'autres entre temps, mais je vais m'arrêter là. Si vous avez en tête d'autres raisons qui expliquent l'engouement du public pour la fantasy, n'hésitez pas à me les faire connaître en commentaire.