Enfin bref, je pense pas que ça vous intéresse, mais ce qui est sûr, c'est que je fais ça toute seule dans mon coin. Parce que tant que c'est pas fini, ce n'est pas bien. Le lecteur, on le respecte, on lui donne à lire les trucs potables. Et puis on a peur de ce qu'il va dire (soyons honnête, un minimum.)
Sauf que, de temps en temps une voix me susurre de montrer un bout, juste pour voir si ça plaît, alors que mon code personnel m'intime de ne rien montrer qui ne soit achevé. Donc j'oscille entre raison, espoir, désespoir, mes ange et démon se battant sur mon épaule – une forme de torture mentale élaborée, à mon sens répandue dans le milieu de l'écriture (d'ailleurs en ce moment, je mérite des claques, donc c'est bien fait pour moi).
Donc voilà, je succombe. Aille.
[Trop de verbes faibles. Des transitions à revoir. Un darling d'insecte. Mais ça donne une idée de la façon dont ça part.]
Frigorifiée, la fille se serrait contre un arbre. Son tronc large irradiait une douce chaleur qu'elle cherchait à capter, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Comment pouvait-elle geler sur place par une si belle journée ?
Autour d'elle, le printemps battait son plein. Réchauffée par un soleil généreux, la pâture sauvage resplendissait de vie. Les bosquets d'épineux se couvraient d'une dentelle neuve, et l'herbe haute offrait sa verdure piquetée de fleurs multicolores aux assauts d'insectes duveteux. De temps à autres, des trilles joyeux retentissaient. Tout était tranquille en apparence.
Elle fit face à ce splendide tableau. Le dos calé contre l'écorce tiède, toujours glacée, elle éprouvait une inquiétude nouvelle. A son propre étonnement, elle percevait une chaleur lointaine, celle d'une présence qui approchait. La fille scruta le paysage, certaine qu'il s'agissait d'un être vivant, trop gros pour être masqué par l'herbe, mais elle ne le vit pas.
Et il accélérait.
La peur la gagnait. Elle chercha à se raisonner. Les créatures invisibles n'existaient pas, elle se faisait des idées. Tendue, elle attendit. Des oiseaux s'envolèrent à cinq cent pas, emportant ses doutes. L'émotion la submergea : impossible d'échapper à un être aussi rapide, et il n'y avait pas d'abri à rejoindre. Restaient les branches de son arbre. Trop hautes, estima-t-elle horrifiée.
Le grand tigre apparut alors, comme survenu de nulle part. D'une beauté à couper le souffle, nimbé d'une poussière argentée, il alignait de puissantes foulées qui plaquait son pelage fluide sur son corps. Cent pas le séparaient encore de la fille, autant dire cinq secondes. Persuadée que sa dernière heure sonnait, elle poussa un hurlement.