Ah la constance ! Petite bête chagrine bien difficile à apprivoiser. Pendant des années, je n'y suis pas parvenue. De 2000 à 2005, pour être précise (j'estime que ce que j'ai fait avant ne compte pas). J'écrivais en dillettante. De temps à autre, ça me prenait, j'écrivais toute la semaine ou tout le WE, je pondais quelques chapitres ; je faisais une pause, longue ou pas ; j'y revenais. C'est comme ça que j'ai écrit mes deux premiers opus fantasy (dont j'ai abandonné depuis la correction...) Je les trouve bourrés de qualités et de défauts (surtout de défauts d'écriture), des premiers romans, quoi. Mais je les ai écrits quand j'étais étudiante, j'avais plus de temps libre globalement (genre pas de CoCyclics ni de Haricot, les sales gosses !)
On va dire que c'est avec Au Sortir de l'Ombre que j'ai pris les choses en main. Déjà, avant de m'y mettre, je me suis mise à blogguer. Blogguer, c'est ouvrir des canaux de communication entre mon "moi passé" et mon "moi futur". Je les adore tous les deux, ils passent leur temps à se tirer dans les pattes (genre, je te laisse la vaisselle pour demain, je ricane parce que moi je sais qu'ASLO a trouvé un éditeur). Ah-ah, encore une blague qui ne fera rire que mon moi futur. Pardon.
Le blog sert surtout à garder une trace de mon travail, et à mesurer ma progression (en signes et tout le toutim). Ceci dit, on peut se contenter d'un carnet, mais je préfère le blog ; ça permet à ceux qui me suivent de me fouetter ou de m'encourager. Le carnet n'encourage pas comme les commentaires (même si je me fais rare et que je réponds rarement - souvent parce que je ne sais pas quoi répondre). En terme d'alternative, je conseille aussi le fil* de challenge CoCyclics.
Il est important de mesurer les progrès. Quand on écrit, on a souvent l'impression d'avancer peu à chaque séance. Sans compter qu'on ne voit pas non plus le compteur grimper quand on planche sur les scénarios, personnages, etc. Pourtant ça compte. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on progresse, ça aide à rester motivé(e).
En ce qui concerne la motivation, vous pouvez aussi opter pour un compte facebook et devenir copain avec les autres auteurs. D'ailleurs à ce propos, rien de tel que de suivre les copains : ça entretient une saine émulation. Il en suffit d'un qui avance bien pour que tout le peloton suive.
Après, viennent les techniques réservées aux sportifs de l'écriture, en particulier celles qui fixent un nombre de mots ou de signes par jour (voir par exemple, la constance du jardinier), et celles qui fixent des objectifs à la semaine (j'appartiens à cette catégorie - quoiqu'en ce moment, je ne m'en fixe pas, mais on va dire que l'habitude est prise, je suis assez régulière.) Mots, signes, nombre de chapitres, toutes les techniques se valent.
L'important avec ce genre de méthode, c'est de se fixer des objectifs tenables et en adéquation avec son mode de vie, quitte à relever la barre plus tard si on peut. L'échec démotive.
Paramètres à prendre en compte :
- En moyenne, nombre de séances par semaine : 4 séances
- Temps moyen effectif d'une séance : 1h30
- Production moyenne par séance : 3500 SEC
C'est une méthode qui a fait ses preuves avec moi. L'avantage de la constance, c'est qu'on reste dans le récit. D'un jour sur l'autre, on n'a pas oublié où on en est et ce qu'on a prévu de faire. On perd moins de temps à se relire, à chercher ses notes, à réfléchir à ce qu'on veut écrire.
Il arrivera sûrement des impondérables qui casseront votre planning et entameront vos bonnes résolutions. En dernier recours, pour rattraper ses retards, on peut alors s'offrir une nuit de l'écriture. Très amusant.
D'autres astuces pour mieux travailler :
- Relire au matin ce qu'on a écrit à la dernière séance pour se remémorer le travail de la veille.
- Préparer sa séance, en y pensant aux moments de pause (café, courses, transports, wawas, etc.) et en faisant le travail de recherche pendant des temps morts trop courts pour écrire (documentation, discussion sur les problèmes, etc.)
- Garder un carnet à portée de main pour noter ses idées.
- Ne pas hésiter à travailler sur papier, et à utiliser les moindres temps libres.
- Se donner des habitudes (une séance un midi sur deux par exemple, ou 30 minutes chaque midi.)
- Surtout, communiquer avec d'autres auteurs si on a des problèmes pour ne pas rester bloqué(e) sur une scène.
- Se mettre dans de bonnes conditions (musique, calme, net coupé).
- Se récompenser une fois le travail effectué (gourmandises, séries TV, etc.)
Si ce genre de méthode ne marche pas pour pour vous, vous êtes peut-être d'un autre bois. Je connais des écrivains qui sont sujet à la frénésie créatrice et qui écrivent sur de très courtes périodes, voire en enchaînant les nuits blanches. Estomaquant. ^_^
* fil de challenge : fil de discussion ouvert dans le forum Challenge CoCy, qui vous est réservé pour parler de votre premier jet en cours à boucler d'ici fin 2010.
6 commentaires:
C'est très vrai, j'applaudis cet article !
Et si je te dis que Robin Hobb écrit 1000 mots par jour, quoi qu'il se passe d'autre dans sa vie, ça t'épate ? Et Stephen King qui répond aux questions du genre "vous écrivez tous les jours ?" par "sauf Noël et mon anniversaire" et avoue finalement que c'est un mensonge puisqu'il écrit ces jours là aussi...
Bref, il n'y a pas de mystère, pour avancer, il faut... écrire !
Hum, mais Robin Hobb n'a pas un boulot en plus. C'est déloyal je trouve, ce talent et ce succès... ^^
Tu as raison, on est des super héroïnes d'avancer en travaillant de front !
Clairement ! ('té, ça fait bizarre de me voir avec des cheveux longs !)
Merci beaucoup pour ce billet, Syven ! Je le découvre à l'instant. Tout ce que tu dis est très vrai ! Je pense qu'il faudrait que je me fasse botter les fesses par mes proches pour avancer !:-) Pour le blog, je ne sais pas encore si j'oserai franchir le pas.
Très juste, ça doit être ça qui me manque ^^
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